Instagrammable et cervelée

14/01/2019

Un doux surréalisme, frais et dynamique. Voilà comment on pourrait qualifier le nouveau one-woman show de Sandra Colombo qui se joue le vendredi et le samedi soir à la comédie des 3 bornes. Et c'est Julien*, mon fidèle compagnon de spectacle qui m'accompagne ce soir-là. En bons élèves (fayots), nous nous plaçons au premier rang ce qui nous vaudra d'être interpellé plus d'une fois par la comédienne (les timides, vous êtes prévenus).

Le rideau se lève et Sandra, pétillante et fonceuse, déboule sur scène comme une furie. La joie de retrouver son public pour cette 2e se lit sur son visage et honnêtement, ça fait plaisir de ressentir une telle énergie. Mais très vite, cette dernière retombe et "là, c'est le drame". Plus aucune trace de son téléphone. Et sans téléphone, pas de réseaux sociaux, sans réseaux sociaux, plus d'amis, sans amis, plus de public et sans public, pas de spectacle. Ne vous inquiétez pas. La panique ne sera que de courte durée.

Avec ou sans portable, dans "instagrammable et cervelée", Sandra confronte le monde du virtuel et du réel, de la stupidité de faire le buzz avec les phrases toutes bêtes et d'en oublier les grands noms de l'histoire. Tous les extrêmes du virtuel passent à la moulinette de sa verve car ce spectacle malicieux nous interpelle sur ces nouvelles technologies qui parfois nous dépassent, voire nous bouffent. Difficile de trouver le juste équilibre entre réel et virtuel, sans en oublier l'aspect humain. 

Dans ce spectacle qui ressemble à un bonbon acidulé au parfum de « pomme », on retrouve le personnage fétiche de Sandra, Jessica K qui a troqué ses ciseaux de coiffeuse écervelée et sa voilette noire, au profit d'une oreillette. Jessica K, toujours aussi superficielle, devient conseillère en image et coach d'entreprise téléphone vissé à l'oreille. Du virtuel au réel il n'y a qu'un clic, ou un pas (comme vous voudrez). Sandra met son portable sur mode avion et lâche ses autres écrans pour nous parler avec humour de sujets bien plus réels : le rehoming sévissant aux Etats-Unis ; son choix, parfois incompris, de ne pas vouloir d'enfant ; les difficultés de trouver sa place au sein d'une famille recomposée ; le tendre clin d’œil fait à son "canard". Je tiens à également à souligner le très beau passage chanté de Sandra. Beau timbre de voix.

A travers ses histoires, son interprétation décalée et son jeu pétillant et coloré, Sandra nous prend par la main avec brio pour nous emmener d'un univers à l'autre. Bref, samedi soir, le public semblait ravi de revoir Sandra et elle lui a bien rendu. Vous nous avez manqué Mme Colombo et ça ce n'était pas virtuel.

Et maintenant, à vous de jouer!
Maria-Nella

De et avec Sandra COLOMBO
Mise en scène Arnaud SCHMITT

*le prénom à été changé

Comédie des 3 bornes - samedi 12 janvier 2019