Entrez sans frapper

02/12/2018

Accompagnée de mon amie Martine*, ce soir je suis à Lyon à la comédie Odéon. J'ai vraiment hâte, c'est mon premier théâtre Lyonnais! Comme à mon habitude, je prends une petite photo devant l'affiche en mode œil de lynx pour alimenter le compte Instagram de mon blog. C'est en la mettant en ligne que j'apprends par le biais du compte de Sandra Colombo que Maria Pacôme n'est plus... C'est une entrée sur scène bien triste.


Après s'être installé confortablement dans les sièges (Laurent, où as-tu vu des piliers? 😉), la pièce commence avec pour fond musical Mozart. Philippe un psychanalyste huppé partage sa vie avec sa femme Isabelle, écrivaine à succès, qui vient de se faire gentiment raccompagnée à la sortie par son éditeur pour plagiat. Autant dire que la meuf est vénère sévère. En dehors de ce petit grain de sable, tout pourrait donc rouler dans l'huile pour ce couple de la haute qui lavent leur conscience dans des dons aux associations caritatives... En gros, en affrontant la misère à distance. Mais ça, c'était sans compter l'arrivée de Tonton Daniel l'ex taulard venant de sortir de 20 ans de trou et qui a décidé d'élire domicile chez nos deux aristos.

Tout bascule alors pour Philippe et Isabelle dont la vie bien rangée, propre, calculée, en un mot  "chiante" se voit alors transformée par cette confrontation violente avec un monde qui leur était inconnu, celui de l'embrouille, de la débrouille et... des standards de Johnny. Et à partir de là se pose un dilemme : comment se débarrasser convenablement de l'intrus? Intrus qui pourrait peut-être être dangereux... 20 ans au gnouf, c'est rarement pour le vol d'un sac de billes. Intrus qui se permet de bousculer virilement l'ordre établi, non sans déplaire à Isabelle... Comment l'empêcher de chanter (pas les portes du pénitencier mais cela aurait pu)?

Dans cette comédie, les trois acteurs semblent poursuivre un bien objectif personnel loin des considérations de réinsertion de Daniel. Et cette pièce fonctionne plutôt bien un peu à la manière d'un vaudeville du 21e siècle avec un rythme assez soutenu et des jeux de mots bien placés (Martine se tordait de rire sur son siège). Au delà de l'aspect comique, cette pièce nous interpelle sur le fait que nos vies bien rangées peuvent être secouées par l'arrivée soudaine de l'imprévu et nous montrer qu'il y a bien moins chanceux que nous.


Bref en sortant du théâtre, le public sensibilisé par la situation carcérale de Daniel, arborait une sacrée banane. Et moi, je ne n'étais pas peu fière d'être sortie de ma zone de confort parisienne. Pari gagné Lyon! Bravo! J'reviendra! 

Et maintenant, à vous de jouer!
Maria-Nella 

PS : hommage à Léon chantant au resto U de l'UFR LASH de Nice :

Et les portes du pénitencier
Bientôt vont se fermer
Et c'est là que je finirai ma vie
Comme d'autres gars l'ont finie.


De Carole GREEP et Guillaume LABBE 
Mise en scène : Jean-Philippe AZEMA
Avec : Romy CHENELAT, Yohan GENIN et Lionel BUISSON

* le prénom a été changé

Comédie Odéon (Lyon) - 1e décembre 2018