Passeport

28/01/2024

Chers lecteurs, chères lectrices
Avant de commencer l'article qui suit, je tenais à vous informer que mon texte ne viendra pas vous livrer les impressions d'une représentation mais plutôt de deux. En effet, courant décembre j'ai eu la chance d'être sélectionnée pour assister au filage de Passeport. Au-delà de l'honneur qui m'a été donné à cette occasion, ce fut un vrai bonheur que d'assister à la mise en place d'un spectacle dans tout son processus théâtral. Et même si en décembre la pièce était déjà très aboutie, en découvrir les coulisses et voir aujourd'hui le produit fini fut une expérience riche que je souhaite à tout passionné de théâtre. MN

Comme à l'accoutumée dans les pièces signées Alexis Michalik, le rideau se lève sur sept comédiens placés en devant de scène. Chacun à leur tour, ils prennent la parole et posent petit à petit le décor. Il y a d'abord Luca, français d'origine comorienne, gendarme de profession, adopté dès son plus jeune âge par Michel et Christine et qui va se retrouver propulsé dans la « jungle » de calais. Il y a Jeanne, fière de ses origines Toulousiano-parisiano-maliennes, journaliste engagée, un rien « grande bouche » et qui souhaite mettre sa plume au service de la vérité. Puis, il y a Issa, jeune Erythréen qui suite à une bagarre le rendant amnésique, va entamer deux quêtes : la recherche de son passé et l'obtention d'un titre de séjour, avec pour seul bien en poche… son passeport.

Dans cette pièce engagée et plus que d'actualité, Alexis Michalik met en avant tout ce qui fait l'originalité de ses œuvres d'Intramuros au cercle des illusionnistes en passant par le porteur d'histoires. Côté jeu, il n'y a aucun temps mort : le rythme est au centre de l'action des comédiens qui enchainent les tableaux sans aucun temps de pause. Le plateau fourmille de beaucoup d'accessoires au service de l'œuvre qui vont parfois être de multiples utilités : une simple table de repas fera également office de lit d'hôpital ou de plan de travail. Tous ces accessoires sont montés sur roulettes permettant les changements de décor de manière fluide le tout au service du rythme. De part et d'autre du plateau, dans la semi-obscurité, des paravents portent une quantité astronomique de costumes pouvant faire pâlir les plus grands défilés parisiens.

Le son et la lumière sont également des éléments centraux de ce spectacle qui viennent renforcer le réalisme de l'histoire : le tic, tac de l'horloge chez les parents de Luca, le bruit des vagues se fracassant sur les pauvres embarcations, ce magnifique ciel étoilé et serein qui vient contraster avec la tragédie se jouant en mer. Glaçant…

En dépit d'un sujet qui se veut grave et traitant de la misère humaine, le texte mise volontairement sur l'humour permettant au public des bouffées d'oxygène mais sans rien enlever à la tragédie qui se joue à nos frontières.

Passeport met en exergue la dualité de deux mondes qui se côtoient sans presque jamais se rencontrer sauf au travers de la violence ou de la machine bureaucratique. Mais au-delà de ces destins croisés, Passeport mise aussi sur la solidarité entre les peuples dans une dimension presque cinématographique.

Ainsi donc, pour conclure sur cette œuvre, en décembre j'ai eu la chance d'assister à la découverte d'un diamant à l'état brut, et aujourd'hui le diamant poli étincèle de mille feux.

Et maintenant à vous de jouer !
Maria-Nella

Auteur et mise en scène : Alexis Michalik
Avec : Christopher BAYEMI, Patrick BLANDIN, Jean-Louis GARÇON, Kevin RAZY, Fayçal SAFI
Manda TOURÉ, Ysmahane YAQINI
Assistante mise en scène : Clotilde Daniault
Musiques : Sly Johnson
Décor : Juliette Azzopardi assistée de Arnaud de Segonzac
Accessoires : Pauline Gallot
Costumes : Marion Rebmann assistée de Violaine de Maupeou
Vidéo : Nathalie Cabrol
Assistant vidéo : Jérémy Secco
Lumières : François Leneveu
Sons : Julius Tessarech

Théâtre de la Renaissance

A partir du 26 janvier 2024 du mardi au samedi 21h, le samedi à 16h30 et dimanche à 17h

https://www.theatredelarenaissance.com/project/passeport-alexis-michalik/