Les mémoires de Paul Palandin

Paul Palandin ne sait pas trop par quoi commencer. Il y a d'abord Rose, son amour, rencontrée fortuitement dans le métro. Puis Suzanne et Auguste, un couple d'amis que la routine met de plus en plus à mal. Et puis il y a ce médecin qui désespère en regardant Paul et qui se rappelle en permanence à son bon souvenir. Il y a aussi cette jeune pianiste aveugle faisant rire tous ces inconnus alignés en rangées face à eux et qui les regardent en permanence. Tous ces personnages, tous ces bouts d'histoire, sont comme les pièces d'un immense puzzle cérébral que Paul n'arrive pas à assembler. Il a beau les tourner et les retourner dans tous les sens, tenter de les emboiter de force, sa mémoire butte toujours contre les mêmes interrogations : qui est-il et que lui est-il arrivé ?

C'est au théâtre du Grand Point Virgule qu'est repris les mémoires de Paul Palandin, pièce découverte cet été à Avignon dans la nef de l'ancienne chapelle du XVe siècle du théâtre du Roy René. Ce lieu chargé d'histoire semble avoir été conçu pour accueillir cette pièce de théâtre dont l'intrigue ressemble à un immense meuble à tiroirs passant d'une situation de vie courante à des scènes d'amnésie parfois glaçantes. Au plateau sont disposés quelques meubles transparents et un cylindre en plexiglas surmonté d'une ampoule au sommet symbolisant la mémoire de Paul et qui s'illumine à mesure que des souvenirs refont surface.

La mise en scène signée Christophe Canard et Constance Carrelet est claire et efficace. Elle va droit au but pour se concentrer sur le jeu authentique des comédiens. A noter l'intervention très drôle de la jeune pianiste aveugle. Comble du hasard, il y avait un chien guide en apprentissage dans le public ce jour-là. La désinvolture du personnage ainsi que son verbe haut marquent la pièce d'un potentiel comique très puissant offrant de la légèreté au drame qui se joue sur scène. 

« Les mémoires de Paul Palandin » est une pièce émouvante aux larmes qui nous en apprend beaucoup sur les liens étroits entre souvenirs et identité. En effet, qui serions nous si nous perdions la mémoire ?

Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella

Auteur : Grégory Corre
Mise en scène : Christophe Canard, Constance Carrelet
Interprète(s) : Johann Dionnet, Sandra Colombo, Laetitia Vercken, Matthieu Burnel, Emmanuelle Bougerol
La vilaine petite production

Théâtre du Grand Point Virgule - le 11 janvier 2024 à 19h30

https://www.legrandpointvirgule.com/event-pro/les-memoires-de-paul-palandin/